Le lierre grimpant, voilà une plante qui ne fait rien comme les autres. En automne quand tous les végétaux sont couverts de fruits porteurs des graines qui vont se répandre, le lierre fleurit !Au début du printemps quand les végétaux commencent à montrer leurs feuilles et pensent à peine à leurs fleurs, le lierre affiche ses fruits ! Il parait que cette originalité vient de l’ère tertiaire où l’été était trop sec pour permettre la floraison. Ce cycle inversé est un bienfait pour la biodiversité.
Les insectes, en particulier les abeilles, y trouvent le dernier pollen disponible. Les passereaux y consomment les premiers fruits dès le mois de mars. Son feuillage persistant offre un refuge tout au long de l’année pour une foule d’animaux (mammifères, oiseaux, insectes, araignées). Le lierre grimpant est un organisme mutualiste qui offre nourriture et couvert à beaucoup d’autres espèces. Le lierre a juste besoin d’un support pour s’élancer vers la lumière, sans lumière il ne fleurit pas. Ce n’est pas un parasite qui vit au dépend de son support. Il grimpe aux arbres, recouvre les pierres sur le sol, s’accroche aux vieux murs.
Beaucoup se demandent s’il ne serait pas préférable de le couper voire de l’arracher. Mais est-ce une bonne idée ? Comme toujours dans la nature il faut dépasser les premières impressions et analyser le sujet dans son ensemble. Le lierre ne fait que s’accrocher à son support.
- Un arbre en bon état ne risque rien, bien au contraire. Le lierre va le protéger des UV, jouer le rôle d’isolant thermique et limiter l’impact des fortes précipitations. Il est même considéré comme une protection en cas d’incendie.
- Un arbre très affaibli par l’âge ou la maladie peut tomber en cas de grand vent avec ou sans lierre, mais la présence de lierre peut parfois augmenter sa prise au vent.
- Un vieux mur ne va pas s’écrouler parce qu’il est couvert de lierre mais il faut faire attention à ce que cela ne soulève pas les tuiles qui le couvrent. Il faut surtout éviter d’arracher le lierre au risque d’emporter avec lui les pierres et les joints.
Le lierre est un végétal il est donc un producteur d’oxygène, il en est même un très bon. Il absorbe aussi les particules. Il a démontré ses capacités en régulation thermique. Alors pourquoi ne pas valoriser ces capacités sur les façades des maisons ?
Son cycle inversé attire en automne tous les pollinisateurs du quartier, tout le monde n’apprécie pas leur présence autour des fenêtres.
Les baies du lierre grimpant sont toxiques pour l’homme (et très amères) mais les oiseaux en raffolent. Il semble qu’ils ne les consomment que mures, souvent, mais en quantité limitée à chaque fois. Surtout ils ne digèrent que la pulpe et évacuent rapidement la graine ce qui a aussi pour effet de disperser la plante. Toutefois les pigeons digèrent la graine. Comme quoi tout est complexe dans la nature.
Après cette lecture nul doute que vous ne regarderez plus le lierre qui grimpe le long du tronc de vos arbres comme un « machin » sale et inutile qu’il faut éradiquer régulièrement. Pensez à toute la vie qu’il abrite et à la nourriture qu’il propose dans les moments les plus difficiles pour la biodiversité locale.